
Un Argentin va recevoir une indemnisation de près de 11 000 euros de la part de Google, après avoir été photographié nu dans la cour de sa maison par le service Street View. La décision, rendue publique ce jeudi par la presse locale, met en lumière les limites entre vie privée et technologie.
Les faits remontent à 2017, lorsque le plaignant – membre de la police – a été capturé sans vêtements dans la cour intérieure de son domicile à Bragado, une ville située à 210 km de Buenos Aires. Bien que son visage ne soit pas visible, l’image a circulé sur les réseaux sociaux et dans les médias locaux, et l’homme a été formellement identifié, notamment en raison de la reconnaissance facile de son adresse.
Google pointé du doigt pour « atteinte à la dignité »
Google s’est défendu en expliquant que le mur de la maison était trop bas, estimant que l’homme n’avait pas suffisamment préservé son intimité. Une position partagée par un premier jugement en 2024, qui avait rejeté la plainte en estimant que le plaignant se trouvait dans une tenue inappropriée en extérieur, même dans un espace privé.
Mais en appel, la justice argentine a reversé la décision, considérant que le mur de 2 mètres offrait bien une intimité raisonnable. Selon les juges de la Chambre nationale d’appels au civil de Buenos Aires, Google a porté une « atteinte à la dignité » du plaignant en violant sa sphère privée. La société a donc été condamnée à lui verser 16 millions de pesos, soit environ 11 000 euros.
Le jugement souligne avec ironie : « Personne ne veut apparaître aux yeux du monde tel que Dieu l’a fait naître. »
Les autres accusés acquittés
Dans cette affaire, deux autres entités étaient poursuivies : l’opérateur Cablevision SA et le site d’information El Censor, qui avaient relayé l’image. La cour les a acquittés, estimant que leur implication avait simplement mis en lumière l’erreur initiale de Google, sans intention de nuire.
Ce verdict relance le débat sur les limites de la cartographie numérique et la responsabilité des grandes plateformes dans le respect de la vie privée, même dans des espaces considérés comme « ouverts ».



